Ah Batman ! On ne peut évidemment pas parler des comics sans parler du plus classe des super-héros. Aucun autre n’aura autant inspiré le cinéma que le chevalier noir de Gotham City. Il devance notamment Superman et les X-Men avec pas moins de 7 films dont le dernier sortira cette année. A l’occasion de la sortie du film, une petite rétrospective s’impose…

Mais d’abord qui c’est Batman ?

Pour les deux australopithèques au fond qui aurait réussi à passer à travers les comics, films, séries et même la comédie musicale (si si…), Batman est un super-héros apparu en 1939 sous la plume de Bob Kane dans le magazine Detective Comics et qui passe le plus clair de ses nuits déguisé en chauve-souris à tataner les bandits de tous poils qui infestent la ville de Gotham City (une ville qui ferait passer Detroit pour un jardin d’enfants). Le jour il est Bruce Wayne, milliardaire qui possède probablement la majorité de Gotham City et dont le patrimoine correspond à peu près au PIB de l’Union Européenne. Et comme à tout héros, il faut bien des ennemis jurés, il devra également se palucher tout un tas de psychopathes dont le plus connu est sans nul doute Le Joker. La particularité de ce héros, à part un cas de chiropterophilie inquiétant, c’est qu’il n’a pas de super-pouvoirs, juste du muscle, du cerveau et une palanqué de gadgets qui feraient fondre en larme un hipster de la Rive Gauche (et de trois comparaisons idiotes…)

Le cadre étant posé… Sautons dans le vif du sujet et parlons cinéma. Trois réalisateurs se seront attaqués au mythe du Chevalier Noir : Tim Burton (1989 et 1992), Joel Schumacher (1995 et 1997) et Christopher Nolan (2005, 2008 et 2012) avec des succès variables. Néanmoins nous avons la chance d’avoir plus de films réussis que ratés, ce qui est rarement gagné pour des films de super-héros (seul X-Men s’en tire bien pour l’instant).

Tim Burton, Midnight in Gotham City

Les films de Tim Burton sont à l’image de leur réalisateur, sombres, gothiques (Oscar des meilleurs décors et de la meilleur direction artistique 1989) et poétiques notamment grâce à une bande-son magistrale composée par Danny Elfman. L’interprète de Batman est Michael Keaton et il tournera avec Jack Nicholson (Le Joker), Kim Basinger (Vicky Vale), Danny DeVito (Le Pingouin) et Michelle Pfeiffer (Selina Kyle/Catwoman).

Batman (1989)

Lors d’une intervention policière, Jack Napier, bras droit du baron de la pègre, tombe dans une cuve d’acide qui le défigure horriblement. Il perd la raison et devient le Joker. Après avoir saisi l’empire criminel de son ex-patron, il sème la terreur sur la ville en répandant un gaz hilarant mortel. Batman se met en chasse… Le premier Batman a connu un très grand succès malgré les nombreuses levées de boucliers qui ont entourées le projet de Burton. En effet, le Batman des années 60 était un personnage plus léger, moins schizophrénique qu’à ses origines et qui ne tuait pas ses victimes. Tim Burton souhaitait faire un retour aux sources avec un Batman plus sombre, plus violent. Ce choix, comme celui de Michael Keaton dans le rôle-titre, a été très vivement contesté par des piliers comme Bob Kane lui-même ou bien encore Adam West qui incarnait Batman dans la célèbre série télévisée. Le tournage et la pression ont laissé un arrière-gout amer à Burton qui s’éloignera pour quelques temps des super-protections hollywoodiennes. Que dire du film lui-même? Tout le film est porté par un Jack Nicholson magistral (qui touchera à cette occasion le plus gros salaire de l’histoire du cinéma : 60 millions de dollars!) dans le rôle du Joker. Exubérant, détestable, hors norme, il offre une interprétation du joker haute en couleur qui fait quelque peu pâlir l’interprétation de Michael Keaton. Un film à voir surtout pour Nicholson et ses décors car le film a un peu vieilli en termes d’effets spéciaux…

Batman Returns (1992)

Abandonné dans les égouts à la naissance, le surdoué et richissime héritier Oswald Cobblepot alias « le Pingouin », enlève l’homme d’affaires Max Shreck, milliardaire et homme phare de Gotham City, bien décidé à faire pression sur ce dernier pour « réaffirmer son appartenance ». Selina Kyle, timide secrétaire effacée de Max Shreck, découvre par hasard la preuve des intentions peu louables de son patron, qui l’assassine sauvagement. Mystérieusement ramenée à la vie par des chats, elle jure d’obtenir vengeance. Gotham City se transforme alors en la scène d’une lutte implacable pour le pouvoir ; heureusement, Batman veille. Sous la pression d’Hollywood, Burton va accepter de tourner une suite mais en posant quelques conditions pour ne pas revivre l’enfer du premier tournage et notamment beaucoup plus de liberté vis-à-vis de la prodution. Cette fois-ci Batman, toujours interprété par Keaton, sera opposé à Oswald Cobblepot/Le pingouin, Selina Kyle/ Catwoman et Max Schriek, le financier sans scrupule (Christopher Walken). Que ce soit le casting, les conditions ou un autre facteur, ce Batman est sans conteste le plus réussi de la série. Sombre, poétique, drôle, c’est du Burton comme on l’aime. Les acteurs sont fantastiques. Michael Keaton rentre cette fois-ci totalement dans la peau de son personnage et offre un Bruce Wayne sombre et torturé, loin des play-boys des futurs opus. Danny Devito cabotine comme pas deux et campe un pingouin complètement barré. Christopher Walken est d’un cynisme délicieux et enfin Michelle Pfeiffer interprète une Catwoman envoutante et inoubliable. A voir donc…

 

Joel Schumacher, massacre à la pellicule…

Théoriquement la suite des deux films de Burton, ils n’ont cependant été que produit par ce dernier et au vu du résultat, on se demande s’il a même supervisé quoique ce soit lors du tournage. Le public ne s’y est d’ailleurs pas trompé : si le premier film a été un succès au box-office, le deuxième fut un échec. Les deux films ont été vivement critiqués par les fans et la presse. Entre le côté ironique et certaines allusions homosexuelles, ce fut un échec qui le poussera à abandonner la réalisation d’un troisième film. A sa décharge, il faut dire que les studios Warner Bros faisaient pression pour que le film soit compatible avec une jeune audience (l’une des raisons du retrait de Burton était les plaintes d’associations de parents suite à Batman Returns). Bref, les films de Schumacher sont pour les fans gravement en manque, sinon passez votre chemin.

Batman Forever (1995)

Tout va mal à Gotham City. Double Face s’est échappé de l’asile d’Arkham et ne pense qu’à une chose : tuer Batman qu’il croit coupable de sa défiguration. Au même moment, Bruce Wayne refuse de financer une expérience proposée par Edward Nygma, qui avait pour but de manipuler les cellules cérébrales. Celui-ci jure de se venger, devient l’Homme-Mystère puis s’allie avec Double Face en lui proposant un marché. Val Kilmer remplace Michael Keaton qui n’aime pas les nouveaux choix faits pour Batman (il refuse un cachet de 15 millions de $). Son interprétation sans être mauvaise est totalement oubliable et loin d’être à la hauteur du Bruce Wayne torturé de Keaton. Tommy Lee Jones joue un Double Face qui ressemble à un ersatz du Joker de Nicholson. Jim Carrey (l’homme mystère) joue du Jim Carrey et Chris O’Donnel fait un Robin passable (il avait gagné le rôle face à Leonardo Dicaprio). Quant à Nicole Kidman, on ne s’en souvient même pas. Les tons très colorés, les effets spéciaux cheap et les personnages hauts en couleurs ont poussé un critique américain à écrire que ce Batman était « du chewing-gum pour les yeux ».

Batman & Robin (1997)

À la suite d’un accident dans son laboratoire, Victor Fries, scientifique de profession, est devenu un être incapable de supporter des températures supérieures à zéro degré. Désireux d’obtenir les fonds nécessaires pour mettre au point un traitement contre le syndrome de MacGregor, une maladie rare contractée par sa femme, Mister Freeze projette de déclencher une vague de froid sur Gotham City. Par ailleurs, il peut compter sur la complicité de sa nouvelle acolyte Poison Ivy, une créature sensuelle et vénéneuse qui tente d’envahir la ville de plantes carnivores. À eux se joint Bane, un super-combattant issu d’une expérience de l’armée. Cependant, Batman et Robin se dressent contre eux. Ils seront aidés dans leur lutte par une dénommée Batgirl.

Si le Batman Forever était déjà peu convaincant, on touche le fond de la franchise avec ce Batman qui obtiendra 11 nominations aux Razzie Award (Récompenses pour les pires films de l’année) dans les catégories suivantes : Pire film, pire suite, pire réalisateur, pire couple à l’écran pour Clooney et O’Donnell, pire scénario, pire second rôle pour O’Donnell, Schwarzenegger, Uma Thurman et Alicia Silverstone, pire chanson et pire mépris pour la vie humaine et le bien public. Après ce film, George Clooney pensait qu’ils avaient tué la franchise et que c’était de l’argent jeté par les fenêtres. Heureusement il n’en est rien.

Christopher Nolan, Batman in real life

Il faudra attendre 2005 pour voir réapparaitre le chevalier noir à l’écran après plusieurs tentatives avortées suite au désastre Schumacher. Nolan commence une nouvelle série n’ayant aucun lien avec les films précédents et a une approche plus sombre et plus réaliste. Pour lui les films précédents étaient surtout des exercices de style et ne racontaient pas réellement une histoire. Il veut que le public s’intéresse à la fois à Bruce Wayne et à Batman et compte donner de l’importance aux deux faces du personnage.

Batman Begins (2005)

Bruce Wayne assiste impuissant au meurtre de ses richissimes parents, alors qu’il n’est qu’un jeune enfant. Profondément traumatisé, il grandit tant bien que mal, obnubilé par un désir viscéral de vengeance. En exil en Asie, la Ligue des ombres, une communauté dirigée par Ra’s Al Ghul se chargera de son entraînement physique. De retour à Gotham City, il retrouve la cité complètement sous l’emprise de sinistres psychopathes et de chefs de gang véreux. De plus, la gestion des entreprises Wayne dont il est l’héritier, devient de plus en plus opaque et hors de son contrôle. Après avoir découvert l’entrée d’une grotte insoupçonnée au sous-sol du manoir Wayne, il se fait confectionner un habit/prototype paramilitaire par Lucius Fox, et devient Batman, le justicier masqué nocturne.

Le retour aux origines du mythe par Nolan est une demi-réussite. Certes, c’est un succès au box-office et il est très bien reçu par la critique mais il ne parvient pas à la hauteur des Batman de Burton. Certains partis pris très hollywoodien/film de super-héros gâche un peu la complexité morale visée du personnage (en vrac : l’amour d’enfance, la confrérie de ninja, la trahison du mentor). En revanche, le casting de star qui faisait craindre le film trop commercial fait mouche. On aime ou l’on n’aime pas Christian Bale mais il fait un Batman excellent et un Bruce Wayne très bon (quoiqu’à mon avis pas aussi bon que Keaton). Michael Caine est parfait dans le rôle d’Alfred, le majordome de Wayne, plus énergique que Michael Gough (Alfred dans les Tim Burton) et un peu moins désuet. Morgan Freeman joue du Morgan Freeman mais c’est agréable et c’est un très bon choix pour Lucius Fox. On peut juste regretter que les méchants ne soient pas à la hauteur à part Liam Neeson. La bande-son (Hans Zimmer et James Howard) rompt totalement avec la bande-son de Danny Elfman (chère au cœur des fans puisqu’elle a été utilisée comme thème pour la série en dessin-animé) mais c’est une réussite comme beaucoup des OST de Zimmer. En bref, le film est bon mais cela ressemble plus à un coup d’essai avant l’excellent Dark Knight.

The Dark Knight (2008)

Batman aborde une phase décisive de sa guerre au crime. Avec l’aide du lieutenant de police Jim Gordon et du procureur Harvey Dent, il entreprend de démanteler les dernières organisations criminelles qui infestent les rues de sa ville. L’association s’avère efficace, mais le trio se heurte bientôt à un nouveau génie du crime qui répand la terreur et le chaos dans Gotham : le Joker.

Gros succès critique et au box-office, encore plus que son prédecesseur, c’est probablement le meilleur épisode de la série (à égalité avec Batman Returns) grâce à la maîtrise du réalisateur mais surtout grâce à la performance d’Heath Ledger dans le rôle du Joker. La critique n’hésite d’ailleurs pas à comparer sa performance avec celle d’Anthony Hopkins/Hannibal Lecter dans Le silence des agneaux et il reçoit l’oscar posthume du meilleur second rôle (l’acteur est décédé peu de temps avant la sortie du film).

Le film est sombre, grave, voire tragique et c’est probablement un des films de super-héros les plus intelligents jamais réalisé. La montée du chaos dans Gotham City sous les traits du Joker, les choix cornéliens imposés à Batman, le rôle même de celui-ci dans l’escalade de la criminalité, tous les thèmes traditionnels du chevalier noir sont explorés et parfaitement traités. En dehors d’Heath Ledger, c’est le même casting que pour Batman Begins, auquel vient s’ajouter Aaron Eckhart qui joue un Harvey Dent élégant, parfaite contraposée de Bruce Wayne. Il est regrettable que le personnage de Double Face ne soit pas plus exploré mais cela ne nuit en rien à la qualité du film. La bande-son, toujours par les mêmes, sert très bien le film. The Dark Knight est un excellent film et c’est un film à avoir vu que l’on soit fan de Batman ou pas.

The Dark Knight Rises (2012)

Pour l’instant on connait juste les méchants de ce film à savoir Catwoman et Bane (un genre de gros lutteur mexicain à la musculature surdéveloppé suite à une expérience militaire ayant mal tournée, en tout cas dans les comics). Tout ce que l’on peut dire, c’est qu’après le Dark Knight, la barre a été placée haute. En tout cas, la bande d’annonce fait frémir (dans le bon sens) …

 

Classement partial

  • 1 Batman Returns
  • 1,00000…01 The Dark Knight
  • 2 Batman
  • 3 Batman Begins
  • 879 Batman Forever
  • – ∞ Batman & Robin
  • ? The Dark Knight Rises

Voilà cette rétrospective de Batman au cinéma est à présent terminée, et maintenant un peu de musique avec Alain Souchon.

Orsonne Ouellesse

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